Le président des Etats-Unis Barack Obama a haussé le ton jeudi contre le régime de son homologue égyptien Hosni Moubarak, qualifiant d'insuffisantes les réformes annoncées par le dirigeant contesté et appelant le Caire à tracer un chemin «sans équivoque» vers la démocratie.

«Les Égyptiens ont reçu l'assurance qu'il y aurait une transition du pouvoir, mais il n'est pas encore évident que cette transition soit immédiate, significative ou suffisante», a déclaré M. Obama dans un communiqué au ton particulièrement ferme.

Ce texte a été diffusé quelques heures après que M. Moubarak eut annoncé qu'il transférait ses pouvoirs au vice-président Omar Souleimane, mais sans démissionner,déclenchant la fureur des Égyptiens qui manifestent en masse contre le pouvoir depuis 17 jours.

«Trop d'Égyptiens restent incrédules sur le sérieux du gouvernement quant à une transition réelle vers la démocratie, et le gouvernement a la responsabilité de parler clairement aux Égyptiens et au monde entier», a ajouté M. Obama.

Le président des États-Unis a estimé que «le gouvernement égyptien doit tracer un chemin crédible, concret et sans équivoque vers une démocratie réelle, et (ses membres) n'ont pas encore saisi cette occasion».

Dans le même communiqué, qui ne cite pas une seule fois le nom de M. Moubarak, M. Obama a mis en garde contre tout recours par les autorités du Caire à la violence.

«Toutes les parties doivent faire preuve de retenue. La violence doit être évitée à tout prix», a plaidé M. Obama, en prévenant qu'«il est impératif que le gouvernement ne réponde pas aux aspirations de son peuple par la répression ou la brutalité. Les voix des Égyptiens doivent être entendues».

Il a aussi renouvelé son appel au «respect des droits universels des Égyptiens» et à la fin de l'état d'urgence en vigueur depuis près de 30 ans dans le pays, qui donne des pouvoirs étendus aux forces de sécurité.

Et après le refus énoncé par M. Moubarak de se soumettre aux «diktats» des puissances étrangères, M. Obama a rappelé qu'aux yeux des États-Unis, il était du ressort des Égyptiens de décider de leur avenir.

Le président américain a toutefois lancé des idées pour une transition du pouvoir. «Nous estimons que des négociations dignes de foi avec l'opposition dans son ensemble et la société civile égyptienne devraient répondre à toutes les questions importantes qui attendent l'Égypte à l'avenir», a-t-il noté. M. Obama a cité à cet effet «la protection des droits fondamentaux de tous les ressortissants, une révision de la Constitution et d'autres lois pour démontrer que le changement est irréversible, et la mise en place conjointe d'une feuille de route claire vers des élections qui seront libres et justes».

Ce communiqué a clôturé une journée lors de laquelle des informations contradictoires ont circulé sur la possible démission de M. Moubarak. En déplacement au  Michigan, M. Obama a semblé anticiper une conclusion différente quand il a affirmé, avec les précautions d'usage, que «ce qui est parfaitement évident est que nous sommes les témoins de l'Histoire en marche».

Également jeudi, devant le Congrès à Washington, le directeur de la CIA Leon Panetta avait jugé «fort probable» que M. Moubarak quitte le pouvoir dans la soirée et qu'il soit remplacé par son vice-président Omar Souleimane, un pronostic évidemment démenti.

Un responsable du renseignement américain, interrogé par l'AFP, a ensuite précisé que M. Panetta faisait référence aux informations parues dans les médias et non à des informations propres à la CIA.