Le premier ministre turc a amorcé hier une tournée de trois pays arabes secoués par les révolutions des derniers mois. Avant de passer par la Libye et la Tunisie, Recep Tayyip Erdogan a pris la parole au Caire, en Égypte, hier, pour notamment appuyer la reconnaissance d'un État de Palestine à l'ONU. Une tournée perçue comme l'occasion idéale, pour la Turquie, de gagner en influence dans la région alors que ses relations avec Israël sont au plus mal. Le point en cinq temps.

Un événement: la tournée diplomatique

Une tournée des pays arabes a été entreprise hier par le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan pour tisser des liens avec les nouveaux dirigeants de Tunisie, de Libye et d'Égypte. Une façon de consolider l'influence diplomatique grandissante de la Turquie dans la région, alors que ses relations avec Israël sont au plus mal, ce qui préoccupe l'État hébreu. Il faut «débattre de ce qui se passe avec la Turquie, avec l'Égypte et avec les Palestiniens», a dit le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, après avoir appelé dimanche à une réunion d'urgence du cabinet de sécurité. Seule «bonne» nouvelle pour Israël: Erdogan a finalement renoncé à forcer le blocus pour se rendre à Gaza.

Un héros: le premier ministre Erdogan

Erdogan est le héros de la rue arabe pour ses critiques franches d'Israël. Encore ce week-end, dans le journal égyptien Al-Shourouk, il a déclaré: «Israël est devenu un enfant gâté [...] Non seulement il pratique un terrorisme d'État contre les Palestiniens, mais il a commencé à agir de manière irresponsable.» Ses positions sont bien accueillies chez les voisins arabes et perses, contrairement à celles - plus timides - adoptées par l'autre grand leader régional, l'Égypte.

Une demande: des excuses

La Turquie attend toujours des excuses de la part d'Israël concernant le raid contre le bateau turc Mavi Marmara en mai 2010, où neuf ressortissants turcs ont été tués par la marine israélienne. Au début du mois, l'ambassadeur d'Israël à Ankara a été expulsé. «Israël ne veut pas reconnaître ses erreurs ou que le monde autour de lui a changé», a déclaré le premier ministre Erdogan. La Turquie envisage de protéger elle-même les navires qui forceront le blocus sur Gaza.

Un projet: la reconnaissance de l'État de Palestine

Le 20 septembre, un vote sur une reconnaissance de l'État de Palestine se tiendra à l'ONU. Les Palestiniens n'ont pas encore indiqué si cette demande sera faite au Conseil de sécurité ou en assemblée générale. Le résultat du vote suscite peu de suspense: en raison de l'opposition farouche des États-Unis, le vote devrait être battu. L'analyste Sedat Laçiner, du quotidien turc Star, a récemment écrit qu'Israël est «un État à part sur cette planète, il est dispensé de respecter le droit international, il peut faire ce qu'il veut et il ne sera de toute façon jamais sanctionné». L'analyste cite ensuite le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, selon qui «la Turquie entend bien ramener [la situation d'] Israël à celle d'un État normal».

Un tourment: les Kurdes

Pendant ce temps, la Turquie en découd toujours - depuis maintenant 26 ans - avec ses séparatistes kurdes au sud-est du pays. Dimanche soir, encore sept personnes ont été tuées lors d'un affrontement entre policiers et militants séparatistes. L'armement pour combattre les séparatistes kurdes est d'ailleurs fourni à la Turquie par... Israël. «La crise avec Israël, a écrit Ruhat Mengi du journal Vatan, ne peut en aucun cas rejeter au second plan la nécessité de trouver une solution au phénomène terroriste qui plombe notre société depuis des années.»

Sources: RFI, L'Express, CNN, AFP, Courrier international