Des centaines de milliers de Pakistanais fuyaient vendredi un district du sud du Pakistan, où les eaux gonflées de l'Indus ont fait céder une digue et provoqué des inondations dans de nouvelles zones. Selon les Nations unies, environ un million de personnes auraient été déplacées par la catastrophe naturelle dans le sud du pays depuis le milieu de la semaine.

Les dernières évacuations ont eu lieu après des menaces voilées lancées par les talibans contre les étrangers portant assistance aux sinistrés. «Aucune aide n'atteint les gens affectés, et quand les victimes ne reçoivent pas d'aide, cette horde d'étrangers est pour nous totalement inacceptable», a déclaré jeudi un porte-parole des talibans pakistanais, Azam Tariq, en laissant entendre que les talibans pourraient les attaquer. «Quand nous disons que quelque chose est inacceptable, chacun peut tirer ses propres conclusions», a-t-il lancé.

Ces menaces devraient compliquer la tâche des organisations engagées dans les efforts de secours à l'heure où plus de huit millions d'habitants ont besoin d'une assistance d'urgence.

À Thatta, dans le sud du pays, quelque 175 000 personnes -soit environ 70% des habitants de la ville- auraient fui leur maison au cours de la nuit de jeudi à vendredi, selon Manzoor Sheikh, un haut responsable du gouvernement. Les autorités tentaient de réparer une digue qui a cédé sous la pression des eaux de l'Indus et de s'occuper du transport des personnes tentant de partir.

Un porte-parole de l'ONU Maurizio Giuliano a déclaré qu'environ un million de personnes, selon des informations reçues par les Nations unies, avaient été déplacées dans les districts de Thatta et de Qambar-Shadadkot depuis mercredi.

Il est difficile de vérifier les chiffres qui ont été communiqués par les autorités car l'accès à nombre de secteurs est difficile en raison des inondations, et les personnes pourraient avoir quitté leur maison bien avant les ordres d'évacuation ayant été donnés.

Des agences onusiennes et d'autres organisations humanitaires s'emploient à faire parvenir des moyens matériels et humains vers les zones sinistrées, alors que les inondations provoquées par de violentes pluies de mousson ont commencé il y a près d'un mois dans le nord du Pakistan et se sont déplacées vers le sud, dévastant les cultures.

La situation dans la province du Sind «va de mal en pis», a déclaré Maurizio Giuliano. «Nous distribuons (l'aide) de plus en plus vite, mais les inondations semblent déterminées» à l'emporter sur notre «réponse».

Près de 17,2 millions de personnes ont été affectées depuis le début des inondations et quelque 1,2 million d'habitations ont été détruites ou grandement endommagées, selon les Nations unies.

Le secrétaire général adjoint des Nations unies aux Affaires humanitaires John Holmes a déclaré lors d'une conférence de presse à New York que l'ONU restait déterminée à porter secours aux victimes, en dépit des menaces lancées par un porte-parole des talibans. «Nous prendrons évidemment ces menaces au sérieux, comme nous l'avons fait auparavant, et prendrons les précautions qui conviendront, mais on ne nous dissuadera pas de faire ce que nous croyons utile de faire, à savoir aider la population» pakistanaise, a-t-il dit.

D'autres organisations humanitaires ont précisé que leur programme de sécurité tenait compte de telles éventualités.

Illustrant la fragilité de la situation en matière de sécurité, une bombe a explosé vendredi dans un restaurant de Mansehra, dans le nord-ouest du pays, faisant un mort, selon le chef de la police locale Mohammed Sajjad qui a annoncé l'ouverture d'une enquête.