L'ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, qui a échappé depuis un an à deux accusations d'agression sexuelle, est rattrapé par la justice française dans une autre affaire de moeurs.

Les magistrats chargés de l'affaire du Carlton, du nom d'un hôtel de luxe de Lille autour duquel gravitait un réseau de prostitution, ont officiellement mis en examen hier soir l'ancien ministre pour «proxénétisme en bande organisée».

L'annonce a été faite tard hier par les avocats de l'homme de 62 ans, qui est ressorti du palais de justice vers 22h après avoir été placé sous contrôle judiciaire.

L'ancien ministre, un temps pressenti comme candidat du camp socialiste pour l'élection présidentielle en cours, avait d'abord été convoqué mercredi, mais l'audience a été avancée discrètement, peut-être pour minimiser ses échos médiatiques.

Les magistrats avaient déjà placé Dominique Strauss-Kahn en garde à vue pendant 48 heures en février pour l'interroger relativement à des «parties fines» organisées à son attention par deux entrepreneurs du nord du pays qui payaient les participantes.

Il a alors déclaré qu'il ne pouvait savoir qu'elles étaient rémunérées. Hier, un de ses avocats, Richard Malka, a réitéré que son client n'avait «jamais eu la moindre conscience que les femmes rencontrées pouvaient être des prostituées».

La mise en examen de l'ex-directeur du FMI survient à quelques jours de la première audience civile à New York découlant de la plainte de la femme de chambre Nafissatou Diallo, qui affirme avoir été agressé en mai par l'ex-directeur du FMI à l'hôtel Sofitel. La procédure pénale avait été abandonnée en août par le procureur de l'État.

L'ancien administrateur de haut vol est rentré par la suite à Paris, où il a été mis en cause par l'écrivaine Tristane Banon dans une autre affaire d'agression, finalement classée parce que les faits étaient prescrits.

L'ex-ministre fait profil bas depuis. Ses rares déplacements à l'étranger ont suscité des controverses. Ce fut le cas notamment au début de mars à l'Université de Cambridge, en Grande-Bretagne.

La participation annoncée de Strauss-Kahn à une conférence au Parlement européen, à Bruxelles, a été annulée au cours des derniers jours. Trois élus avaient déclaré dans une lettre que sa venue serait «indécente».

Les démêlés judiciaires de l'ex-directeur du FMI ont inspiré au réalisateur américain Abel Ferrera un film dans lequel il sera incarné par Gérard Depardieu.

Le célèbre acteur français a récemment déclaré qu'il n'éprouvait aucune sympathie pour l'accusé. «De toute façon, j'ai jamais été ému par des gens qui n'avaient aucune dignité», a-t-il déclaré.