Dominique Strauss-Kahn a démenti avoir eu recours à des prostituées tout en reconnaissant avoir employé un vocabulaire «inapproprié» en qualifiant dans des SMS des jeunes femmes de «matériel», révèle mercredi Le Monde, citant des documents de la police française.

Le quotidien français affirme également que de très nombreux SMS entre l'ex-patron du FMI et un de ses amis, organisateur de soirées libertines, ainsi que des témoignages démentent la version de DSK, qui se défend en invoquant la naïveté.

«Veux-tu (peux-tu) venir découvrir une magnifique boîte coquine à Madrid avec moi (et du matériel)», écrit ainsi à un ami Dominique Strauss-Kahn, mis en examen (inculpé) lundi pour «proxénétisme en bande organisée» dans l'affaire dite du Carlton, du nom d'un hôtel de luxe de Lille (nord de la France), crime passible de vingt ans de réclusion criminelle et de trois millions d'euros (environ 4 millions de dollars) d'amende.

«Le mot matériel désigne une personne de sexe féminin», a reconnu devant les policiers DSK lors de sa garde à vue les 21 et 22 février, tout en reconnaissant que ce terme est «inconvenant et inapproprié».

Mais l'ancien favori de la présidentielle d'avril-mai en France refuse toute violation de la loi, estimant avoir été «naïf» en n'ayant pas reconnu comme prostituées les jeunes femmes qu'on lui avait présentées pour des rencontres libertines.

Il a affirmé qu'il n'y avait au cours de ces soirées libertines, «jamais eu de relation contrainte ou imposée». Il a donc qualifié de «mensonge», «erreur» ou «pression» les déclarations de l'une des prostituées à la police belge.

Celle-ci affirme s'être opposée en vain, au cours d'une soirée organisée en décembre 2010 à Washington, à certaines pratiques, mais qu'un ami de DSK lui a alors attrapé les poignets «pour l'empêcher de bouger».

M. Strauss-Kahn a également démenti d'autres déclarations de cette prostituée qui avait affirmé qu'il s'était enquis des tarifs d'une de ses collègues, ce qui aurait constitué une reconnaissance implicite de son activité.

Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, était en passe de devenir le principal adversaire à gauche de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle qui se déroulera les 22 avril et 6 mai en France, lorsque les accusations de viol portées par une femme de chambre d'un hôtel de Manhattan, ont bouleversé sa vie et conduit à son arrestation à New York le 14 mai 2011.

Il a bénéficié d'un non-lieu au pénal en août 2011 à New York, mais l'affaire, qui se poursuit au civil, avait révélé au grand jour une facette obscure de sa personnalité: son rapport aux femmes, à la limite du «harcèlement», selon des témoins.