Le président russe Dmitri Medvedev a insisté jeudi sur l'importance du caractère «pacifique» du programme nucléaire iranien, lors de sa première rencontre avec son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad depuis la dégradation des relations entre les deux pays ces derniers mois.

Au cours d'une «conversation très ouverte» en marge d'un sommet régional dans la capitale azerbaïdjanaise Bakou, M. Medvedev a souligné «l'importance du caractère pacifique dans la poursuite du programme nucléaire iranien», a déclaré le conseiller diplomatique du chef de l'État russe, Sergueï Prikhodko.

«Aucune question fâcheuse n'a été évitée, ni de notre côté, ni de celui de nos collègues» iraniens, a-t-il ajouté à l'issue de la rencontre. Celle-ci intervenait après le récent refus par Moscou de livrer à Téhéran des missiles sophistiqués S-300.

L'Iran et les grandes puissances réunies au sein du groupe 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU: États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, plus l'Allemagne) sont convenus de reprendre le 5 décembre leurs discussions autour du programme nucléaire iranien, interrompues depuis octobre 2009. Mais ni le lieu de cette rencontre, ni le détail de son ordre du jour n'ont pour l'heure été fixés.

La communauté internationale soupçonne l'Iran de chercher, malgré ses dénégations, à se doter de l'arme nucléaire sous couvert de son programme nucléaire civil.

Avant sa rencontre avec M. Medvedev, le président iranien a déclaré que Téhéran était «toujours prêt à négocier» sur son programme nucléaire mais a rejeté toute pression.

Les pays occidentaux «pensent qu'ils parviendront à quelque chose en faisant pression sur l'Iran, mais ce ne sera pas le cas. Ils espèrent qu'un blocus de l'Iran changera le peuple iranien. Mais le peuple iranien ne sera pas brisé par les sanctions», a affirmé M. Ahmadinejad.

Outre le nucléaire, «les questions sur l'indispensable développement des relations avec l'Iran ont été abordées», a ajouté M. Prikhodko, en évoquant notamment les échanges commerciaux.

La Russie veut poursuivre sa coopération avec la République islamique dans les domaines qui ne tombent pas sous le coup des sanctions de l'ONU, a-t-il expliqué.

En septembre, M. Medvedev a annulé la vente de missiles S-300 en invoquant les sanctions prévues par une résolution de l'ONU, qui a condamné en juin pour la sixième fois en quatre ans le programme nucléaire iranien controversé.

Ces sanctions interdisent notamment la livraison de certains matériels militaires à Téhéran, mais les dirigeants iraniens ont présenté cette décision comme une soumission de la Russie aux États-Unis.

L'Europe, les États-Unis et Israël s'étaient élevés contre la vente de S-300 car ce système perfectionné de missiles, équivalent du système américain Patriot, permettrait à Téhéran de défendre efficacement ses installations nucléaires en cas de frappes aériennes.

L'épisode concernant ces missiles n'est qu'un des signes illustrant les distances prises par la Russie vis-à-vis de l'Iran, selon des experts.

Moscou a déjà soutenu une série de résolutions de l'ONU sanctionnant Téhéran et M. Medvedev a admis l'été dernier que l'Iran était «proche d'avoir le potentiel» de construire une bombe nucléaire.

La rencontre Medvedev-Ahmadinejad est intervenue en marge du troisième sommet des pays riverains de la mer Caspienne, parmi lesquels figurent aussi l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan et le Turkménistan.

Peu de progrès étaient attendus au cours des pourparlers entre les représentants des cinq États qui ne parviennent pas à s'entendre sur le partage des vastes ressources de cette mer fermée.