Lorsque l’ouragan Ian touche terre à Cape Coral le mercredi 28 septembre 2022, des vents de 232 km/h balaient furieusement la côte. Maisons et édifices sont inondés et soufflés. L’onde de la tempête fait monter les eaux de 1,8 à 2,7 m. Un an plus tard, la ville de quelque 220 000 habitants panse toujours ses plaies.

« Ian a été l’ouragan le plus coûteux et le plus létal de l’histoire de la ville, indique Michael Ilczyszyn, directeur général de Cape Coral, en entrevue avec La Presse. Après le passage de l’ouragan, l’état d’urgence a été maintenu durant 14 jours. Plus de 1200 employés étaient déployés sur le terrain. Des milliers de maisons ont été endommagées. Et comme nous sommes la ville possédant, en longueur, le plus de canaux au monde [plus de 643 km], d’innombrables embarcations ont été endommagées. »

Les débris ont été nettoyés. Une partie des dégâts ont été réparés. La vie a repris son cours. Mais tout n’est pas revenu à la normale à Cape Coral. À commencer par le bord de mer, où la plage n’a toujours pas été rouverte. Et le vieux quai qui faisait la fierté de la communauté doit être reconstruit.

PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE CAPE CORAL

La ville se distingue par ses 643 kilomètres de canaux. Mais à la suite de l’ouragan Ian, de nombreux bateaux et quais ont été endommagés.

« Au passage d’un ouragan, la marée tire le sable vers le large. Nous avons ainsi perdu [66 cm] de sable et nous devons restaurer le rivage, indique M. Ilczyszyn, qui est d’origine ukrainienne. Nous visons une réouverture de la plage en novembre, à temps pour le retour des touristes. Ici, en hiver, la population augmente de 20 à 25 %, dont de nombreux Canadiens. »

Comme d’autres villes de cette région de la côte ouest de la Floride (Sanibel Island, Naples, Fort Myers, etc.), Cape Coral, qui se trouve à plus de 200 kilomètres au sud de Tampa, a été frappé de plein fouet par Ian, un ouragan de catégorie 4 sur l’échelle de Saffir-Simpson. Sur son passage, l’ouragan a fait au moins 150 morts et des dizaines de milliards en dommages matériels. Partout, il reste du travail à faire avant d’effacer toutes les traces de son passage.

Même à l’intérieur des terres, les dommages ont été importants. Ainsi, à 80 kilomètres de la côte, des centaines de maisons de la ville d’Arcadia ont été inondées par le gonflement de la Peace. Nombreux ont été les citoyens pris par surprise.

PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE CAPE CORAL

Depuis un an, le travail n’a pas manqué pour les équipes d’urgence à Cape Coral.

« Beaucoup de végétaux intolérants à l’eau salée sont morts »

Dans les premières semaines suivant un désastre, les autorités des villes s’assurent d’abord du bien-être des gens, font une première évaluation des infrastructures endommagées et amorcent le nettoyage des débris, une tâche colossale.

Pour la seule ville de Cape Coral, on a amassé 2,25 millions de verges cubes (1,72 million de mètres cubes) de végétaux et près de 456 000 verges cubes (348 611 m⁠3) de débris de construction. « Beaucoup de végétaux intolérants à l’eau salée sont morts », note M. Ilczyszyn.

Ces déchets organiques ont toutefois pu être recyclés, ajoute le directeur général de la Ville. « Les débris végétaux ont été transformés en matière nutritive pour l’agriculture ou ont été brûlés dans les centrales énergétiques, dit-il. Quant aux débris de construction, il a fallu les enfouir, car tout était mélangé : plastique, téléviseurs, ciment, canapés, etc. »

Cette tâche est terminée. La Ville veille maintenant à commencer la reconstruction. Les permis ont été délivrés. Une centaine d’employés municipaux coordonnent le tout. Le reste est donné à forfait.

PHOTO SCOTT MCINTYRE, THE NEW YORK TIMES

Dans les premières semaines suivant un désastre, les autorités des villes s’assurent d’abord du bien-être des gens, font une première évaluation des infrastructures endommagées et amorcent le nettoyage des débris, une tâche colossale.

Reconstruire plus solidement

L’argent vient de la Ville, qui avait un fonds d’urgence en cas de catastrophe, des compagnies d’assurance, de l’État et de Washington, notamment via la Federal Emergency Management Agency (FEMA), l’agence chargée d’assurer le déploiement des secours en cas de désastre.

Évidemment, ici comme ailleurs, on veut reconstruire mieux et plus solide.

« Plusieurs maisons détruites lors du passage de Ian avaient été construites avant 1981, alors que le code du bâtiment était différent, rappelle Michael Ilczyszyn. Depuis, nous avons adopté de nouvelles règles pour avoir des bâtiments mieux adaptés au passage des ouragans. »

Ce dernier n’était pas en mesure de donner un chiffre précis quant au nombre de bâtiments endommagés ni sur la facture totale des travaux, car certains propriétaires sont encore en négociations avec leur compagnie d’assurance.

Un certain nombre de propriétaires qui ont vu leur maison réduite en tas de débris ont par ailleurs décidé de lever le camp. « Souvent, les nouveaux acquéreurs rasent ce qui reste et reconstruisent », relève M. Ilczyszyn.

Avec The New York Times et NPR

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  • 2 252 052
    En verges cubes, quantité de débris végétaux ramassés à Cape Coral après le passage de l’ouragan Ian, soit 1 721 817 m⁠3. Les débris de matériaux atteignaient 455 966 verges cubes (348 611 m⁠3).
    Source : Ville de Cape Coral