(Oslo) L’ex-première ministre conservatrice norvégienne Erna Solberg a déploré « une grave rupture de confiance » vendredi en révélant que son mari avait effectué, largement à son insu selon elle, plus de 3600 transactions boursières alors qu’elle était au pouvoir.

Lors d’une conférence de presse où elle a peiné à contenir ses larmes, Mme Solberg a admis que les multiples opérations boursières réalisées par Sindre Finnes pendant qu’elle dirigeait le pays entre 2013 et 2021 auraient dû, à cause des risques de conflits d’intérêts, la rendre incompétente pour certaines décisions qu’elle a prises.

Responsable dans une organisation patronale, M. Finnes « a boursicoté beaucoup plus que ce qu’il ne m’a dit », a expliqué l’ex-cheffe du gouvernement.

En huit ans, M. Finnes a réalisé 3640 opérations boursières qui ont débouché sur 1,8 million de couronnes (226 159 dollars canadiens) de gains, selon une liste réalisée par l’intéressé à la demande de Mme Solberg, elle-même pressée de questions par la presse.

« La liste montre que Sindre n’a pas été honnête avec moi quand j’étais première ministre ni quand je l’ai confronté sur cette affaire », a affirmé Mme Solberg. « C’est une grave rupture de confiance ».

Le nombre et la nature des décisions prises sur fond de possibles conflits d’intérêts ne sont pas connus à ce stade. Mme Solberg a assuré ne pas avoir fourni à son époux d’informations susceptibles de constituer un délit d’initié.

Ses révélations ont soulevé des appels à l’ouverture d’une enquête policière, voire à sa démission de la tête du parti conservateur.

En Norvège, les responsables politiques et leurs conjoints sont tenus de se familiariser avec un « manuel de la gestion politique », un fascicule de 47 pages qui aborde notamment la question des finances privées et des conflits d’intérêts.

Cette affaire survient alors que quatre ministres du gouvernement de centre gauche qui a succédé à celui de Mme Solberg ont été récemment mis en cause pour des conflits d’intérêts. Deux ont démissionné.  

Mme Solberg, qui espère revenir au pouvoir après les législatives de 2025, a indiqué qu’en cas de victoire électorale, son époux devrait placer ses économies sur un simple compte bancaire ou dans des fonds, sans possibilité de boursicoter sur des titres particuliers.