(Évry) Ils ne voulaient pas que leur sœur échange avec des garçons : deux frères et deux autres jeunes ont été mis en examen (inculpés) pour assassinat dans la nuit de dimanche à lundi après la mort d’un adolescent roué de coups en banlieue parisienne, une affaire qui a suscité l’émoi en France.

Deux des mis en cause – un majeur de 20 ans et un mineur – ont été écroués tandis que deux autres mineurs sont incarcérés provisoirement avant un débat contradictoire mercredi, pour avoir tabassé l’adolescent, Shemseddine, 15 ans, jeudi, à la sortie de son collège, explique le procureur d’Evry, Grégoire Dulin, dans un communiqué.

« La nation tout entière est endeuillée », avait réagi sur X la ministre de l’Éducation, Nicole Belloubet, après le décès du collégien vendredi des suites de ses blessures.  

Selon les premiers éléments de l’enquête et les déclarations des mis en cause, cités par le procureur, les frères avaient appris que « leur sœur correspondait avec des personnes de son âge sur des sujets relatifs à la sexualité ».

« Craignant pour sa réputation et celle de leur famille, ils avaient enjoint à plusieurs garçons de ne plus entrer en contact avec elle », puis « appris que la victime se vantait de pouvoir librement » lui parler, n’ayant pas subi de pression de leur part, a ajouté M. Dulin.  

Avec deux connaissances, ils se sont rendus au collège où ils ont croisé « de manière fortuite » Shemseddine, selon leurs dires cités par le magistrat.

Ils lui auraient demandé de les suivre pour « une explication ». « Le ton était monté et des coups avaient été portés, entraînant la chute de la victime », poursuit le procureur.  

Le frère aîné aurait contacté les secours, mais, « pour assurer leur fuite », affirme le parquet, et aurait donné « de fausses indications » aux policiers.

Trois de ces jeunes sont connus de la justice.  

Toujours selon le procureur, l’enquête a établi que la sœur de 15 ans, placée en garde en vue vendredi avec le groupe, était absente lors des faits.  

Mais « des indices graves et concordants » permettent de « considérer qu’elle était informée des intentions de ses frères ». Il avait requis contre elle un placement dans un établissement éducatif et l’interdiction de paraître dans le département.  

L’adolescent est mort quatre jours après une autre agression violente contre une collégienne à Montpellier (sud), liée, selon le parquet, à des « invectives » entre élèves sur les réseaux sociaux.

Trois mineurs de 14 et 15 ans qui ont reconnu les faits ont été inculpés vendredi pour « tentative d’homicide volontaire ».