(La Haye) Le Canada, le Royaume-Uni, la Suède et l’Ukraine ont engagé mercredi une procédure contre l’Iran devant la plus haute juridiction des Nations unies à la suite de la destruction en 2020 d’un avion de ligne ukrainien et de la mort des 176 passagers et membres d’équipage.

Les quatre pays souhaitent que la Cour internationale de justice déclare que l’Iran a abattu illégalement l’avion de la compagnie Ukraine International Airlines et qu’elle ordonne à Téhéran de présenter des excuses et de verser des indemnités aux familles des victimes.

Le vol PS752 reliait Téhéran à Kyiv le 8 janvier 2020 lorsqu’il a été abattu peu après le décollage. Parmi les personnes tuées figuraient des ressortissants et des résidents du Canada, de la Suède, de l’Ukraine et du Royaume-Uni, ainsi que de l’Afghanistan et de l’Iran. Leur âge allait de 1 an à 74 ans.

« L’étape juridique complétée aujourd’hui reflète notre engagement inébranlable à assurer la transparence, la justice et l’imputabilité pour les victimes et leur famille », ont déclaré les pays dans un communiqué commun mercredi. Ils ont indiqué qu’ils avaient intenté cette action après que l’Iran n’eut pas répondu à une demande d’arbitrage formulée en décembre.

Après trois jours de dénégations en janvier 2020, l’Iran a admis que ses Gardiens de la révolution paramilitaires avaient abattu par erreur l’avion ukrainien à l’aide de deux missiles sol-air. Les autorités iraniennes ont blâmé un opérateur de la défense aérienne qui, selon elles, a pris le Boeing 737-800 pour un missile de croisière américain.

Cette année, un tribunal iranien a condamné à 13 ans de prison un commandant de la défense aérienne présumé responsable de l’incident, selon l’organe de presse judiciaire officiel du pays.

Mais les pays qui ont porté l’affaire devant la Cour internationale de justice de La Haye ont qualifié les poursuites de « simulacre de procès et de procès opaque ».

Selon le document publié mercredi, le Royaume-Uni, le Canada, la Suède et l’Ukraine soutiennent que l’Iran « n’a pas pris toutes les mesures possibles pour empêcher la commission illégale et intentionnelle d’une infraction » et « n’a pas mené une enquête et des poursuites pénales impartiales, transparentes et équitables, conformes au droit international ».

L’Iran aurait dissimulé ou détruit des preuves, rejeté la faute sur d’autres pays et sur des gardiens de la révolution de bas niveau, « menacé et harcelé les familles des victimes qui cherchaient à obtenir justice » et n’aurait pas communiqué les détails de l’incident à l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).

L’incident a eu lieu le jour même où l’Iran a lancé une attaque de missiles balistiques contre les troupes américaines en Irak, en représailles à une attaque de drone américain qui a tué un général iranien de haut rang.

La semaine dernière, l’Iran a porté plainte contre le Canada en raison de l’incident, accusant le pays de bafouer l’immunité de l’État en permettant aux proches des victimes du terrorisme de demander réparation à la République islamique.