(Torkham) Le principal poste-frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan a rouvert vendredi matin, permettant le passage des véhicules et des piétons, plus d’une semaine après sa fermeture à la suite d’un échange de tirs entre gardes-frontières.

Les deux pays étaient dans une impasse diplomatique depuis le 6 septembre, date à laquelle les forces afghanes et pakistanaises ont échangé des coups de feu au poste-frontière de Torkham, situé à mi-chemin entre Islamabad et Kaboul, au sujet de la remise en état d’un avant-poste afghan.

La frontière est restée close neuf jours, l’une des plus longues périodes de fermeture de ces dernières années.

Des Afghans malades étaient parmi les premiers à passer à la réouverture des postes-frontière, dont beaucoup d’entre eux, sur des fauteuils roulantes, pour se rendre dans des hôpitaux pakistanais.

Shakoor Khan, 62 ans, a dit avoir attendu cinq jours pour pouvoir emmener sa fille, qui souffre d’épilepsie, se faire soigner au Pakistan. « Ces cinq jours étaient comme la voir dans le couloir de la mort », a-t-il dit.

« Le passage des camions est en cours et les citoyens afghans rentrent en Afghanistan après y avoir été autorisés et avoir réalisé les procédures d’immigration », a déclaré Irshad Khan Mohmamd, commissaire adjoint du district de Khyber au Pakistan.  

Torkham, situé à 180 km de chaque capitale, est un point de passage clé pour les échanges commerciaux entre les deux pays. L’Afghanistan exporte du charbon vers le Pakistan, qui lui livre en retour de la nourriture et des produits divers.

Les commerçants des deux côtés se sont plaints de la perte de tonnes de denrées périssables en raison de la fermeture de la frontière, tandis que les voyageurs afghans ont manqué des rendez-vous médicaux ou des vols au départ du Pakistan.

Les marchés et les bureaux étant fermés, des foules de voyageurs avaient trouvé refuge dans les mosquées voisines.  

Relations dégradées

Les autorités ont indiqué que plus de 1300 véhicules, dont des camions et des remorques, se trouvaient du côté pakistanais et attendaient de pouvoir passer.  

Du côté afghan, des fonctionnaires et des habitants ont organisé une petite manifestation en début de semaine pour demander la réouverture de la frontière.  

Lundi, le ministère pakistanais des Affaires étrangères avait affirmé que « les tirs non provoqués des forces de sécurité frontalières afghanes enhardiss[aient] invariablement les éléments terroristes ».

« Le Pakistan a continué à faire preuve de retenue et à privilégier le dialogue face aux provocations persistantes et injustifiées des troupes afghanes déployées le long de la frontière pakistano-afghane », a déclaré la porte-parole du ministère, Mumtaz Zahra Baloch.  

Le ministère des Affaires étrangères du gouvernement taliban a déclaré le week-end dernier que l’attaque présumée du Pakistan contre ses gardes-frontières était « contraire aux [relations] de bon voisinage ».  

« La fermeture de la porte ne peut être justifiée en aucune circonstance », a indiqué un communiqué.

L’incident a accentué les tensions entre les deux voisins au sujet de leur frontière commune, source de différends, Islamabad se plaignant fréquemment que Kaboul n’ait pas réussi à sécuriser sa frontière tracée à l’époque coloniale et contestée par tous les gouvernements afghans.  

Les relations se sont également dégradées depuis le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan en août 2021.

Islamabad accuse notamment Kaboul de laisser opérer depuis le territoire afghan les talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), lesquels ont multiplié ces derniers mois les attaques sur le sol pakistanais.

Les autorités afghanes ont démenti ces allégations.