Les miroirs, une idée brillante

Si l’obsession du reflet habite l’être humain depuis des millénaires, les qualités du miroir ne se limitent pas à l’image qu’il renvoie. C’est aussi un merveilleux accessoire pour accrocher la précieuse lumière d’hiver et ouvrir l’espace. Deux professionnelles de l’aménagement intérieur nous livrent leurs astuces pour exploiter au mieux cet objet aux effets parfois surprenants.

Avec sa vue sur un jardin, ses grandes fenêtres industrielles et ses hauts plafonds, le loft que se préparait à rénover l’architecte Christine Djerrahian, dans une ancienne imprimerie du centre-ville de Montréal, avait un beau potentiel, mais il était toutefois un peu sombre près de l’entrée. Qu’importe, la fondatrice du studio Future Simple allait se servir de grands miroirs pour amener la lumière de la rue dans la cuisine, à l’arrière-plan, et créer en quelque sorte des fenêtres intérieures. « Le miroir est un instrument fabuleux pour ça en architecture », souligne-t-elle.

Projet hors normes

Posé sur des portes d’armoires, du sol au plafond, il ouvre aussi l’espace de façon impressionnante. Ce sont des miroirs aperçus dans des boutiques de mode qui ont inspiré Christine Djerrahian pour la métamorphose de l’intérieur qu’elle partage avec son mari Nick, Milo, 4 ans, et Stella, 13 mois. Elle a donc mis un artisan verrier au défi de l’accompagner dans ce projet hors normes qui vient de s’achever grâce à l’acquisition d’un studio voisin et l’aménagement de deux nouvelles chambres dans des boîtes vitrées.

Les murs de la petite chambre de Stella, dans le prolongement de la cuisine, ont été habillés de miroirs dans un effet de trompe-l’œil qui donne une allure muséale au lieu, surtout lorsqu’une lumière bleue vient percer une fenêtre posée sur un côté de ce grand rectangle à la façon d’une installation de James Turrell. Des rangements ont également été dissimulés dans le couloir qui y mène. Toutes ces surfaces étincelantes rythment la vie dans le loft.

Elle apprécie en particulier les coups d’œil qu’elle peut jeter discrètement à ses enfants sans les déranger dans leurs occupations. « C’est le meilleur système de surveillance, car je peux les voir tout le temps et ils se sentent indépendants », remarque-t-elle.

Réflexions choisies

L’équipe de Blanc Marine Intérieurs, fondée par Mélanie Cherrier, a pris pour habitude de composer avec cet allié précieux pour tous ses projets. « Nous aimons refléter un détail architectural ou un point du décor », explique la designer Laurence Pons Lavigne.

Un grand miroir posé au-dessus d’un manteau de cheminée renvoie ainsi des moulures ou un beau chandelier dans une vieille maison de ville. Il contribue à créer le style classique et élégant qui est la signature du bureau de design intérieur. Les pièces où les miroirs sont exclus sont rares. Des modèles au fini bronze ont, par exemple, été posés sur les portes des armoires de la cuisine d’une maison de Boucherville. Ils illuminent la pièce, et viennent alléger le mobilier tout en accentuant l’effet de ses détails en laiton.

Le salon a, lui, été décoré d’un vieux miroir accroché au-dessus d’une commode pour former une « vignette », c’est-à-dire un coin avec un meuble bas, une lampe et quelques petits objets. Un principe que Laurence Pons Lavigne aime reproduire dans ses projets, notamment pour les entrées et les chambres. « Ces coins sont importants lorsque nous créons un décor. Ils lui amènent un côté chaleureux », explique-t-elle.

Des miroirs anciens aux cadres en bois, souvent dorés et ouvragés, viennent rejoindre les intérieurs conçus par l’équipe, qui les collectionne. « Nous cherchons des miroirs avec une histoire, même s’ils sont un peu maganés, car ils ont du charme. Cela nous permet aussi de trouver des formes variées, des pièces uniques », souligne la designer. Et de venir loger, par exemple, un petit miroir au milieu d’autres cadres pour accrocher l’œil au passage.

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