Le tour du propriétaire Retour aux sources en Gaspésie

La vue sur la mer est sans aucun doute le principal atout de la maison de l’Échouerie. Sise au cœur de la Baie-des-Chaleurs, à Bonaventure, en Gaspésie, cette propriété possède également une architecture singulière qui évoque l’histoire des pêcheurs de la région.

Mis à jour le 14 août 2023

Karyne Duplessis Piché Collaboration spéciale

Lors du classique « tour de la Gaspésie », la route 132 croise inévitablement à Bonaventure le chemin de l’Échouerie. La voie non pavée longe le ruisseau Cullens jusqu’à ce que le cours d’eau rejoigne la mer. C’est à cet endroit que se dresse la maison de Thomas Martens et Robert Henry.

« C’est la plage de mon enfance », confie M. Henry. Originaire de Bonaventure, il connaissait cet endroit idyllique où le ruisseau d’eau douce se mélange à l’océan salé au gré des marées. Sur la falaise de couleur ocre, la vue s’étend dans la baie des Chaleurs jusqu’au paysage vallonné du Nouveau-Brunswick. Le traducteur de formation rêvait d’y revenir. « On a attendu 15 ans que le terrain soit en vente », ajoute son conjoint, Thomas Martens.

Le couple vivait à l’époque à Montréal. C’est pourquoi il a d’abord envisagé de construire un chalet sur le grand terrain vierge. Le coût de l’installation des services d’égout, d’eau et d’électricité était si élevé que le duo a choisi de quitter la métropole pour s’installer à Bonaventure. Et il y a construit sa maison de rêve.

Histoire de pêche

Thomas Martens est passionné de l’histoire industrielle du Québec. Il occupait jusqu’à tout récemment le poste de directeur général du Site historique national de Paspébiac. Le mordu d’architecture s’est inspiré du patrimoine bâti de la région pour dessiner sa maison.

Le bâtiment de forme cubique possède deux étages et il est recouvert de bardeaux de bois. Une trentaine de fenêtres carrées sont essentiellement installées du côté mer. À l’arrière, un escalier bâti en annexe permet d’accéder aux étages, dont le troisième, qui surplombe la baie.

À l’intérieur de la maison, le look épuré s’inspire de la philosophie allemande Bauhaus. Né en Allemagne, Thomas Martens en connaît bien les règles. Il les a utilisées afin de créer une demeure fonctionnelle, au design minimaliste et épuré. « Le paysage est notre principale préoccupation, explique-t-il. Autant à l’intérieur de la maison que sur notre terrain. » Par exemple, les fenêtres sont installées au centre des murs, à 30 pouces du sol et à 30 pouces du plafond. Cette hauteur convient à la majorité des tables ou des bureaux de travail. Lorsqu’on s’assoit, l’horizon se situe au centre de la fenêtre et on découvre tantôt la mer, tantôt les montagnes des Chic-Chocs.

La vue sur la mer est d’ailleurs le premier contact quand on entre dans la maison. La porte s’ouvre sur un couloir transversal dont le point focal est l’océan. « Le couloir est parallèle au ruisseau, ajoute le spécialiste en architecture. Il se positionne d’est en ouest, comme le sens du cours d’eau. »

Presque tout à l’intérieur est peint en blanc. Le décor n’est pourtant pas monochrome. Le paysage qui s’observe partout colore l’intérieur au gré des saisons, de l’humeur de l’océan ou des couchers de soleil. Une seule couleur s’invite cependant dans le design intérieur : le rouge, qui recouvre les escaliers. « Ça rappelle la couleur des phares qui sont visibles dans la baie des Chaleurs, dit M. Martens. Ça évoque aussi le danger. Attention, il y a des marches. » Comme dans un phare, l’ultime escalier mène à la pièce qui domine la maison : un bureau dont la vue à 360 degrés est à couper le souffle.

Une maison pour recevoir 

Avec trois chambres à coucher, trois salles de bains complètes, une dépendance à l’extérieur et un endroit pour le camping, l’espace est immense pour deux personnes. Or, le couple est rarement seul. « Les hivers sont longs en Gaspésie et tous les restaurants sont fermés, ajoute M. Martens. On s’est arrangés pour pouvoir recevoir. Pour avoir du fun ! »

La cuisine, qui semble petite de prime abord, possède quatre plans de travail pour préparer les réceptions. L’entrée principale est munie de plusieurs garde-robes pour ranger les manteaux et les bottes de la visite. Et si la soirée s’éternise, des volets permettent d’isoler la chambre principale ouverte sur le salon.

Après deux décennies à partager ce coin de paradis, le couple est prêt à démarrer un nouveau projet. Il ne veut plus seulement regarder la mer, mais la traverser pour se retrouver là où l’histoire d’amour a commencé, en Europe.