La Société des alcools du Québec (SAQ) revient sur sa décision controversée de déménager sa succursale du centre-ville de Victoriaville, convaincue par de nouvelles données sur la vitalité du secteur présentées récemment par la municipalité.

La société d’État prolongera ainsi son bail dans ses locaux de la rue Notre-Dame Est pour deux ans de plus, jusqu’en octobre 2027, lorsqu’elle réévaluera à nouveau ses options, a annoncé sa directrice du développement immobilier, Lili Prud’homme, mardi.

À l’origine de ce changement de cap, la SAQ affirme qu’elle a réévalué les indicateurs de performance de la succursale, passés du « rouge » au « jaune », à la lumière de nouvelles données fournies par la Ville l’été dernier.

Parmi celles-ci, l’instauration récente de la gratuité du stationnement pour deux heures au centre-ville de Victoriaville. « C’est un irritant qu’ils ont adressé et qui a fait une différence pour nos clients » dont les achats sont lourds, résume Lili Prud’homme.

Qui plus est, la fonte du taux d’inoccupation des locaux (de 16 à 5 %), une densification attendue du secteur en raison de récents changements réglementaires et l’arrivée imminente d’un hôtel et d’une épicerie ont convaincu la société d’État de l’avenir prometteur qui attend le centre-ville de Victoriaville.

Ni la pression politique – plusieurs ministres ayant été interpellés à l’Assemblée nationale à ce sujet – ni le projet de Victoriaville d’interdire l’ouverture de commerces consacrés uniquement à la vente d’alcool en dehors de son centre-ville ne sont entrés en compte, affirme Lili Prud’homme.

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L’attitude de l’administration municipale, « investie et qui fait des efforts » pour revitaliser son centre-ville, a toutefois contribué à faire pencher la balance, confirme-t-elle.

Générer du « dynamisme »

Mais la société d’État n’entend pas pour autant modifier sa grille d’évaluation à l’avenir. Car il revient aux municipalités de générer du « dynamisme » dans leur centre-ville, et non à la SAQ, explique-t-elle.

« Il y a des centres-villes qui sont un peu fantômes et où la SAQ est présente. Bien, s’il est fantôme et qu’on est là, c’est que de toute évidence, à nous seuls, on n’est pas capables de générer ce dynamisme. »

Fin septembre, le maire de Victoriaville, Antoine Tardif, avait dénoncé la décision de la société d’État d’opter pour un nouvel emplacement en périphérie pour y déménager sa succursale du centre-ville.

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L’élu accusait la société d’État d’agir en complète contradiction avec les nouvelles orientations du gouvernement du Québec en matière d’aménagement du territoire, présentées quelques mois plus tôt, qui stipulent l’importance de revitaliser les centres-villes régionaux.

Joint mardi, Antoine Tardif s’est réjoui de la décision de la société d’État tout en saluant « son ouverture » aux discussions. L’étude sur laquelle la SAQ avait basé son choix de déménager sa succursale en périphérie, présentée à son administration en juin, ne tenait pas compte des nouveaux éléments mentionnés, rappelle-t-il.

Or, « toute la stratégie dont on a fait part, c’est du béton et on a l’intention de continuer à la déployer », insiste-t-il, sûr de pouvoir convaincre la SAQ de demeurer au centre-ville au-delà d’octobre 2027.