Dans sa chronique « Québec désolidaire »1, Isabelle Hachey fait plusieurs affirmations incomplètes et une omission de taille.

Comme nous sommes entre ex-collègues, je me permets de rappeler que jamais Québec solidaire n’a conclu d’entente ou pris un quelconque engagement auprès des autres partis concernant la publicité sur Meta, contrairement aux affirmations du Parti québécois. Un simple coup de fil aurait pu démentir cette information. Ensuite, les lecteurs de La Presse auront remarqué qu’un engagement de longue date de Québec solidaire n’est jamais abordé.

En 2020, déçue par le rapport timide d’une commission transpartisane sur l’avenir des médias au Québec, Catherine Dorion déposait l’Annexe Dorion, une série de recommandations « fortes et immédiates » pour sortir de la crise des médias. En tête de liste, la députée de Taschereau proposait de créer un Fonds des médias financé par une taxe sur les GAFAM pour libérer une fois pour toutes les médias d’information de leur dépendance aux revenus publicitaires.

L’Annexe Dorion et ses recommandations sont restées lettre morte. Les mises à pied et les fermetures se sont poursuivies de plus belle. Trois ans plus tard, le gouvernement Legault semble tout parier sur une victoire d’Ottawa dans son bras de fer avec Meta. Nous verrons ce que les prochaines manches nous réservent, mais il serait prudent d’avoir un plan B, pour la simple et bonne raison que la survie de nos médias ne peut pas tenir à un sursaut de conscience de Mark Zuckerberg.

De mon perchoir d’ancien journaliste, je partage le sentiment d’urgence d’Isabelle Hachey. J’ai vu les salles de rédaction fondre comme neige au soleil, j’ai vu la précarité s’installer dans un métier que le jeune Vincent Marissal aurait peine à reconnaître. Entre ma carrière de journaliste et d’élu, mandaté par la Fédération nationale des communications, j’ai même tenté de convaincre les gouvernements de venir en aide à ce pilier démocratique que sont nos médias.

Le Québec peut et doit légiférer pour assurer le financement pérenne d’une information de qualité, particulièrement l’information locale et régionale, qui est carrément en voie d’extinction. C’était vrai en 2020 et c’est encore plus vrai aujourd’hui.

Heureusement, la société québécoise est au rendez-vous et la volonté d’agir est sur toutes les lèvres. Le fruit est mûr pour trouver, collectivement, une solution qui nous est propre. Parlant de principes, en voilà un que j’aime bien : on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Les dernières années en sont la preuve.

Au moment d’écrire ces lignes, plusieurs médias québécois continuent d’acheter des publicités sur Meta. Manquent-ils de solidarité ? Pas le moins du monde. Ils vont rejoindre les gens là où ils sont, et les gens sont sur Meta. Faire ce constat ne les empêche pas de militer contre le blocage des nouvelles et ne nous empêchera pas de soutenir la presse, comme nous l’avons toujours fait.

Dans Jean-Talon, Québec solidaire dépense la moitié de son budget publicitaire… dans les médias de la région de Québec. Et si on pouvait marcher et mâcher de la gomme en même temps ?

La réponse de notre chroniqueuse Isabelle Hachey

En juillet, Québec solidaire a assuré qu’il ne lancerait pas de campagne publicitaire sur Facebook jusqu’à nouvel ordre. Votre parti s’était alors engagé à suspendre ses placements publicitaires auprès de Meta, comme je l’ai écrit dans ma chronique. Vous avez depuis recommencé à payer ce géant du web pour de la publicité dans le cadre de l’élection partielle dans Jean-Talon. Voilà la réalité que je dénonçais.

1. Lisez la chronique d’Isabelle Hachey publiée le 14 septembre