Un peu plus d’un an avant l’élection présidentielle, l’actualité politique américaine surchauffe. L’ancien délégué général du Québec à New York John Parisella nous propose un tour d’horizon pour mieux suivre ce qui se passe de l’autre côté de la frontière.

Depuis le printemps dernier, l’ancien président des États-Unis et candidat pour l’investiture du Parti républicain en vue de l’élection présidentielle de 2024, Donald Trump, domine l’actualité politique aux États-Unis. Face à quatre affaires criminelles, Trump réussit tout de même à grimper de façon exponentielle dans les sondages contre ses adversaires tout en augmentant sa collecte de fonds.

Depuis quelques semaines, les sondages indiquent une diminution de l’écart qui prévalait entre Trump et le président Joe Biden dans la dernière année. Certains les mettent presque à égalité. Cela provoque une préoccupation grandissante chez les démocrates. On a beau répéter que Biden a bel et bien remporté l’élection de 2020, contrairement à ce que Trump allègue, la question qui émerge désormais dans les médias est la suivante : Trump peut-il déjouer les calculs comme il l’a fait en 2016 et gagner l’élection de 2024 ?

Depuis un an, l’inflation crée beaucoup d’incertitude et de frustration chez les électeurs. Joe Biden a beau vanter ses accomplissements sur le plan économique, il demeure que les familles font face à des hausses de taux d’intérêt et de prix pour des produits et services essentiels. Des hausses qui se reflètent de façon concrète dans leur quotidien. Ainsi, Biden a une cote d’insatisfaction aux alentours de 60 %, et cela, bien que le taux de chômage des États-Unis soit parmi les plus bas depuis les 50 dernières années.

La popularité de Biden en baisse

À juste titre, Biden peut se vanter de plusieurs accomplissements durant ses années à la présidence. De façon bipartisane, il a réussi à mettre en place un programme fort ambitieux d’infrastructures, des incitatifs à la production de semi-conducteurs ainsi qu’une entente pour éviter le plafonnement de la dette.

De plus, sa gestion de la pandémie, le passage de la loi sur la réduction de l’inflation en 2022 qui a consacré 37 milliards à l’énergie, la lutte contre les changements climatiques, ainsi que la coalition pour appuyer l’Ukraine face à l’agression de la Russie sont des éléments qui lui sont tous reconnus comme de grandes réussites.

Or, depuis la sortie chaotique de l’Afghanistan à l’été 2022, sa cote de popularité est en diminution constante. Seulement 36 % de la population reconnaît favorablement sa gestion de l’économie, selon un récent sondage Associated Press-NORC.

Par ailleurs, la majorité des Américains souhaitent que la prochaine course à la présidence se fasse sans Biden ni Trump. Certains sondages indiquent que chez les démocrates, sept partisans sur dix souhaitent un autre candidat que Biden. La candidature de Biden n’enthousiasme donc pas l’électorat.

L’autre facteur négatif à l’égard du président est relié à son âge, alors que Joe Biden aura 81 ans en novembre. S’il est réélu, il terminera donc son deuxième mandat à 86 ans. Même si Trump n’est que trois ans plus jeune, les facteurs liés à l’âge de Joe Biden prennent beaucoup plus de place dans les médias. Sa dernière chute en juin, causée par un « sac de sable mal placé », ne l’a manifestement pas aidé auprès des électeurs, y compris chez les démocrates.

Le temps presse et la pression monte

Du côté de l’investiture démocrate, même s’il y a deux autres potentielles candidatures marginales, l’auteure Marianne Williamson et Robert F. Kennedy Jr, Biden et sa vice-présidente Kamala Harris sont bien en selle. Alors que les républicains amorcent le processus visant à choisir leur prochain candidat et que Trump risque d’être en procès durant toute l’année électorale, les démocrates anticipaient un chemin plus facile pour Biden et Harris.

Mais la nouvelle quasi-égalité statistique entre Trump et Biden sur le plan national crée beaucoup d’inconfort dans le clan démocrate.

Si jamais une troisième candidature associée à un tiers parti se concrétisait, comme celle du sénateur démocrate Joe Manchin, les chances du tandem Biden-Harris pourraient être sérieusement compromises.

La polémique autour du problème du fils du président, Hunter Biden, n’aide pas. Le leader républicain à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, vient de lancer officiellement une procédure de destitution à l’endroit du président Biden sous motif d’une collaboration dans les agissements de son fils.

De plus, la possibilité d’un autre affrontement entre le Congrès et la Maison-Blanche sur la fermeture du gouvernement, à la fin de septembre, n’est pas sans conséquence. L’année financière actuelle se termine le 30 septembre et le Congrès doit approuver des dépenses fiscales au-delà de cette date.

Cela dit, tout indique que Joe Biden sera le candidat démocrate en 2024. Son meilleur atout, certainement, demeure la probable sélection de Trump par les républicains. Car, bien que très populaire dans son parti, Trump ne séduit pas beaucoup chez les indépendants. De plus, les causes reliées à la démocratie et à l’annulation du jugement Roe c. Wade sur l’avortement sont des facteurs mobilisant pour le tandem Biden-Harris. On l’a vu lors des élections de mi-mandat en novembre 2022.

Chose certaine, l’automne 2023 s’annonce comme un moment décisif pour les démocrates.

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