L’auteur s’adresse à Geneviève Guilbault, ministre des Transports et de la Mobilité durable du Québec

Madame la Ministre,

Depuis le début de l’été, mais depuis un bon bout de temps en fait, le Québec a mal à sa sécurité routière.

Mais ça, vous le savez, le bilan routier de 2022 nous l’a clairement rappelé. Bien qu’on ait vu depuis les 20 dernières années certaines améliorations au bilan routier, force est de constater que l’on s’est bien essoufflés ! Les efforts des dernières années, un déclin constant des blessés et des morts, seront peut-être maintenant chose du passé. Les années 2020 et 2021 auraient probablement mené au même constat, n’eussent été les mesures sanitaires et le confinement reliés à la COVID-19 qui nous ont forcés à un immobilisme reclus à la maison.

Il ne s’est pas passé une semaine, voire quasiment une journée, au cours de l’été, sans que les nouvelles fassent état de collisions de la route dignes de films hollywoodiens : excès de vitesse, carambolage, nombreux véhicules impliqués, blessés graves et morts.

L’automne ne s’annonce pas mieux. Et c’est partout au Québec que de telles collisions surviennent, à toute heure du jour ou de la nuit, impliquant piétons, cyclistes, conducteurs, motocyclistes, vététistes, conducteurs professionnels, enfants, adultes et aînés.

Pourtant on peut intervenir sur toutes ces facettes, chez toutes ces clientèles.

Un réseau plus sûr et équitable

Les gens vous disent de réparer les rues, les nids-de-poule, qui causent des collisions. L’asphalte n’est en rien responsable. Ce n’est pas le nid-de-poule qui conduit, qui roule trop vite, qui est distrait, qui est en état d’ébriété ou qui ne respecte pas la signalisation. On vous demande de construire des routes, toujours plus de routes, plus larges, plus rapides, plus longues.

Nous devrions plutôt réfléchir à revoir ce réseau routier comme plus accessible, plus sûr, plus équitable. Se permettre de promouvoir et construire, bâtir tous ensemble un Québec comme un milieu de vie et un environnement sain et sûr pour tout le monde, à tout âge de la vie, du nouveau-né dans sa poussette aux aînés qui profitent de leurs quartiers avec leurs petits-enfants.

Ce plan d’action que vous nous suggérez est audacieux et, surtout, plus que nécessaire. J’espère très sincèrement, et comme plusieurs, que vous y arriverez, que nous y arriverons. En tant que société, on ne peut plus tolérer de tels évènements sur notre territoire. Pas de morts, pas de blessés graves ou même mineurs, voici l’objectif que l’on doit se donner tous ensemble. Passez du papier aux actes, des promesses électorales et ministérielles à une sécurisation réelle du réseau routier partout, pour tout le monde.

Une pérennisation des financements pour le transport actif et les transports en commun est un exemple concret d’action à déployer afin de rendre accessible pour toutes et tous la mobilité.

Une pérennisation de la recherche et de son financement sur la sécurité routière est aussi primordiale afin d’évaluer et de revisiter au besoin les actions que nous aurons déployées tous ensemble pour atteindre ces 27 objectifs que vous nous avez suggérés. Comme sur nos voitures, camions et autobus, ce plan est malheureusement marqué d’angles morts : la fatigue, la distraction, l’alcool et la drogue au volant.

Nous ne trouverons le repos que lorsque nous aurons l’absolue confiance, et les statistiques pour l’appuyer, que nous pouvons nous déplacer au Québec à pied, en auto, en autobus ou à vélo sans craindre d’y perdre la vie ou que celle de nos proches nous soit enlevée. Nous devons implanter une culture de la sécurité routière et faire cesser cette impunité à l’autonormativité et l’acceptation de l’insécurité routière comme une fatalité à laquelle nous ne pouvons rien changer.

Car oui, c’est à la mort de nos concitoyens que nous ferons face si rien n’est fait.

Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue