Alors que viennent d’être publiées les statistiques annuelles de la société canadienne du cancer, nous constatons une fois de plus que le Québec n’est pas en mesure de contribuer à cet état des lieux. Notre absence est présente depuis tellement longtemps qu’elle ne fait collectivement plus place à l’indignation, mais à la résignation.

Permettez-moi d’exprimer mon indignation persévérante en mon nom personnel, mais aussi au nom de mes patients et de leurs familles qui sont mes sources de motivation au quotidien.

Toute l’attention et présentement mise sur la construction du prochain bateau administratif qui prendra le nom de Santé Québec et qui doit prendre la mer sous peu.

Alors que le cancer représente la première cause de mortalité au Québec, il y a lieu de se demander quelle vision est véhiculée dans la lutte contre le cancer.

Pour un gouvernement qui déclare ouvertement que la collecte des données permettra de mesurer et corriger les problèmes inhérents à nos systèmes, il est décevant de constater que peu de progrès a été fait en ce qui a trait à un registre des tumeurs.

Par ailleurs quelle place attribue-t-on aux équipes d’oncologie dans cette superstructure pour corriger la grave erreur du gouvernement précédent qui éliminait les départements d’oncologie et de radio-oncologie des centres hospitaliers en les diluant au sein de multiples autres secteurs d’activité clinique ?

Quelle est notre vision de l’avenir en cancérologie au Québec et comment cette vision, si elle existe, nous est-elle véhiculée ?

Mode rattrapage

Il y a aussi lieu de se demander pourquoi le Québec est constamment en mode rattrapage, comme c’est le cas pour les tests de dépistage du cancer des poumons, des cancers colorectaux et du nouveau test de dépistage en cancer du col utérin. Comme c’est le cas tout autant pour la médecine personnalisée. Et bien évidemment sur un registre des cancers. Encore faut-il que son instauration, le temps venu, intègre des indicateurs de qualité au-delà des délais d’accès.

Alors que de nouvelles thérapies sont développées comment peut-on permettre à nos patients, nos amis et nos familles d’y avoir accès, dans les meilleurs délais, sans avoir à combattre les structures en place, dans le respect de notre capacité à payer collectivement comme société ?

La santé est perçue comme une source de dépenses. Mais combien ce manque d’engagement nous coûte-t-il collectivement ? Pourquoi acceptons-nous ces faits comme une fatalité. Où est notre ambition ?

C’est Antoine de Saint-Exupéry qui a dit : « Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas les hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire ou trouver chaque chose... Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer. »

Il est grand temps d’avoir une vision rassembleuse centrée sur l’accessibilité, mais aussi la qualité des soins, avec une structure qui sera au service de ces objectifs.