La 28e conférence des parties sur le climat (COP28) est en cours, avec l’objectif principal d’une entente sur le plan de sortie des énergies fossiles. Pour une première fois, une journée entière consacrée à la santé s’intègre à l’agenda, alors que l’on sait depuis bien des années que les changements climatiques représentent la plus grande menace à la santé du XXIe siècle.

Les différents ministres nationaux de la santé et de l’environnement ont ainsi été conviés à une réunion commune afin de discuter de l’interconnexion entre enjeux climatiques et santé. Une rencontre entre deux ministères clés qu’il serait d’ailleurs nécessaire de tenir au Québec.

Appelé à subir des pressions croissantes en raison des problèmes de santé précipités par les changements climatiques, le système de la santé et des services sociaux peut se positionner comme un acteur novateur et réduire sa propre empreinte écologique, par souci de cohérence avec sa mission première : prendre soin des gens. Responsable d’environ 4 % des émissions annuelles du Québec, son leadership sera incontournable à la transition socioécologique requise.

Une feuille de route prête… mais en attente d’un signal clair du gouvernement

L’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) et la firme d’experts Dunsky Énergie + Climat ont mis à disposition de nos élus une feuille de route1 « clé en main » qui confirme que l’atteinte de la décarbonation dans le secteur de la santé d’ici 2040 est possible. Le plan guide la mise en place d’actions à fort impact et minimisant les investissements nécessaires pour permettre, à terme, de cumuler des économies de l’ordre de 787 millions de dollars.

Le coût de l’inaction est alarmant, tout comme les économies potentielles sacrifiées. L’engorgement du réseau et les impacts grandissants des changements climatiques sur la santé de nos patients sont des signaux indéniables.

La pollution atmosphérique, c’est 30 milliards en soins de santé annuellement, un prix trop lourd à payer pour notre société.

La décarbonation du réseau de la santé n’est pas qu’une question environnementale, mais une nécessité pour la santé et le bien-être de notre population québécoise. Un système de santé à zéro émission directe, c’est une réduction des morts, des morbidités et donc des maladies. À cela s’additionnent d’autres bénéfices tels que la prévisibilité des coûts énergétiques ou la réduction des frais de fonctionnement. La transition vers un réseau de santé écologiquement durable est une voie incontournable pour assurer la santé à long terme de notre communauté.

Des exemples novateurs à l’international

Un nombre croissant d’exemples novateurs à l’échelle internationale démontrent que la réduction des émissions dans le réseau de la santé renforce les activités cliniques. C’est le cas du réseau public de santé du Royaume-Uni, qui a réduit ses émissions de 18,5 % entre 2007 et 2017, tout en augmentant ses activités cliniques de 27 %2.

La COP offre une occasion exceptionnelle de prendre des engagements forts. C’est pourquoi nous invitons le gouvernement du Québec à se saisir de la feuille de route à sa disposition, afin de concrétiser ses ambitions, en veillant à ce qu’elles soient en adéquation avec le concept de santé planétaire et à la mesure des enjeux.

La crise climatique est une crise sanitaire. Il est temps de poser les actions concrètes pour soutenir l’élan collectif et nous ramener toujours plus proche de l’espoir du 1,5 °C.

1. Consultez la feuille de route « Décarbonation du secteur de la santé » 2. Lisez « Delivering a Net Zero National Health Service » (en anglais)