En ce début d’année, le caucus de l’Iowa et la primaire au New Hampshire donnent le coup de départ officiel de la campagne présidentielle américaine 2024 qui se conclura par le scrutin du 5 novembre prochain.

La victoire décisive de Donald Trump le 15 janvier en Iowa, où il a remporté plus de 50 % du vote républicain, laisse peu de doute quant à l’identité du gagnant de la course pour l’investiture républicaine. Bien sûr, il ne s’agit que du premier affrontement, et il reste plusieurs étapes cruciales avant la désignation officielle du candidat, dont le « Super mardi » du 5 mars prochain, où 16 États tiendront des primaires simultanément.

Outre Trump, qui vient de recevoir l’appui de Ron DeSantis, seulement une candidate reste dans la lutte pour la primaire républicaine du New Hampshire, soit l’ex-gouverneure de la Caroline du Sud et ex-ambassadrice à l’ONU, Nikki Haley. Or, cette dernière ne fait pas le poids dans les sondages ni dans les résultats des premiers votes. Ainsi, à moins d’un revirement majeur sur le terrain ou devant les tribunaux, Donald Trump prendra part à sa troisième campagne électorale à la présidence des États-Unis cette année.

Chez les démocrates, à moins d’une annonce inattendue de la part du président Biden, tout indique qu’il sera le candidat. Comme ce fut le cas en 2020, et malgré le manque flagrant d’enthousiasme des électeurs américains pour un tel scénario, c’est donc une course Trump-Biden qui se dessine pour cette année.

PHOTO ANDREW HARNIK, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Donald Trump, le lundi 15 janvier à l’issue du scrutin de l’Iowa

Le « momentum » de Trump

Il y a un an, Trump semblait sur un déclin irréversible et certains le qualifiaient déjà de perdant en vue de la prochaine présidentielle. La contre-performance de candidats républicains qu’il avait appuyés aux élections de mi-mandat 2022 s’ajoutait aux défaites de son parti à l’élection générale de 2020 et aux élections de mi-mandat de 2018. Bref, son dernier véritable succès électoral remonte à 2016.

Nouvellement élu comme gouverneur de la Floride avec une majorité accrue, Ron DeSantis était vu comme l’étoile montante. Or, il n’est pas parvenu à donner un nouveau souffle au Parti républicain.

Depuis, Trump fait face à de nombreux litiges au criminel comme au civil devant les tribunaux. Néanmoins, avec le succès qu’il obtient à se présenter en victime de la justice, il a réussi à mobiliser davantage sa base.

Il continue aussi à dominer les manchettes et à profiter de ses litiges devant les tribunaux pour financer sa campagne. En refusant de participer aux débats organisés par son parti avec les autres candidats dans la course, il a ainsi relégué ses adversaires à l’arrière-plan. Aucun de ceux-ci n’a su profiter des faiblesses de Trump à l’aube de l’élection présidentielle.

Les défis de Biden

PHOTO NATHAN HOWARD, ARCHIVES REUTERS

Le président Joe Biden

Dans les sondages, il est à noter que le président Biden passe des moments difficiles. Le plus récent sondage du réseau ABC indique que le taux d’approbation du président est de 33 %, et de 28 % uniquement chez les électeurs indépendants. Ces sondages démontrent une insatisfaction au sujet de ses réalisations et il tire de l’arrière dans certains États clés.

L’électorat ne semble pas être trop sensible aux réalisations du 46président.

Malgré une gestion respectable de la pandémie, une croissance économique remarquable, un bilan fort valorisant dans le secteur manufacturier et environnemental ainsi qu’une présence plus importante à l’international, ce début d’année électorale est inquiétant pour Biden.

Il devra donc trouver les moyens de faire valoir son bilan, d’imposer les principaux enjeux pour l’avenir de l’Amérique, et de mobiliser sa base électorale. Il aura notamment l’occasion de le faire lors du traditionnel discours sur l’état de l’Union, prévu le 7 mars devant le Congrès américain.

Cela étant, Biden est aussi aux prises avec des enjeux de gouvernance importants, comme la relation avec la majorité républicaine à la Chambre des représentants, les risques de fermeture du gouvernement américain, l’entrée des migrants à la frontière du sud et la hausse du coût de la vie. Ces dossiers difficiles n’aident en rien à augmenter sa popularité.

Au fil des prochaines semaines, la saison des primaires va continuer à animer le climat politique. La primaire en Caroline du Sud en février devient déterminante pour la candidate Nikki Haley.

Certes, il est encore tôt. Et la politique demeure imprévisible, surtout lorsqu’elle est parsemée de dossiers judiciaires comme c’est le cas avec Donald Trump. On peut donc assurément prévoir que la nouvelle année apportera son lot de surprises en politique américaine. Mais, quoi qu’on en dise, les possibilités d’une reprise Trump-Biden semblent de plus en plus évidentes.