En ce début de session d’hiver, deux groupes d’étudiants stagiaires reviennent sur les bancs d’école : ceux qui retrouvent leurs collègues avec enthousiasme et ceux qui appréhendent la précarité financière qui les attend.

En soins infirmiers, en soins préhospitaliers d’urgence, en éducation spécialisée ou à l’enfance, en travail social ou ailleurs, de longues heures de stages impayées sont conditionnelles à l’obtention du diplôme. Ces deux classes ne sont pas réparties également : encore aujourd’hui, 84 % des stages au Québec restent non rémunérés.

Chaque nouvelle session sans stages payés est une session de trop, particulièrement pour les étudiantes peinant à joindre les deux bouts.

Ne l’oublions pas, la non-rémunération des stages est un enjeu féministe, car 74 % des stagiaires au collégial sont des femmes.

Pour une étudiante devant subvenir par elle-même à ses besoins, il est impossible de conjuguer des stages pouvant aller jusqu’à 40 heures par semaine, des cours et un emploi rémunéré sans s’épuiser. L’obligation de faire un choix entre la poursuite des études et la précarité financière est insensée en 2024, et n’est certainement pas une façon de s’assurer d’une relève au rendez-vous.

Le bénévolat se poursuit

Depuis l’automne, la Fédération étudiante collégiale du Québec multiplie les actions dans le cadre de la campagne nationale Au front pour la rémunération, en partenariat avec l’Union étudiante du Québec. Points de presse, manifestations et autres activités se sont succédés à partir du mois de septembre partout au Québec pour réclamer la rémunération de tous les stages collégiaux et universitaires, publics comme privés. Une session a passé, et malgré les intentions affichées de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, d’agir en ce sens, la population étudiante stagiaire québécoise entame une nouvelle session à devoir se résoudre à du bénévolat.

Les derniers mois ont été marqués par les négociations du secteur public et par le débat sur la revalorisation des services publics québécois, alors que des pénuries de main-d’œuvre de plus en plus importantes handicapent le bon fonctionnement de l’État-providence québécois.

La FECQ croit fermement que la rémunération des stages est une étape obligée d’une véritable revalorisation des services publics.

Il y a nécessité d’agir en aval avec l’amélioration des conditions salariales et de travail, mais également en amont, avec une rémunération des stages favorisant la réussite et la persévérance dans ces domaines essentiels à la société québécoise. La non-rémunération des stages est un obstacle conséquent à la poursuite de la vocation de nombreuses personnes étudiantes, au moment même où l’on déplore le manque de personnel au sein des services publics.

L’urgence d’agir est claire. L’échéance du budget 2024-2025 approchant à grands pas, le ministère de l’Enseignement supérieur et le ministère des Finances doivent s’accorder pour rémunérer la population stagiaire québécoise, un investissement chiffré à 545,6 millions de dollars et pouvant être mis en place de manière réaliste. Le réseau des services publics québécois est à la croisée des chemins, et la rémunération des stages doit faire partie intégrante de sa revalorisation, tout en réglant une injustice historique.

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