Cette semaine, c’est la semaine de la sensibilisation sur les troubles alimentaires au Québec. Je vis officiellement avec un trouble alimentaire depuis un peu plus d’un an. Mais je flirte avec le trouble depuis beaucoup plus longtemps que ça.

Je ne peux pas dire exactement depuis quand, je me rappelle m’être fait surnommer « l’anorexique » au primaire, puis avoir eu des commentaires comme : « tu manges comme un oiseau », « t’es toute petite », « stay slim » et tant d’autres sur mon poids, mon apparence physique ou mon appétit. Ces commentaires « innocents » jouent dans la tête beaucoup plus qu’on peut le penser.

Je vois partout, surtout cette semaine, que c’est important d’aller chercher de l’aide. Parce que comme Geneviève Garon l’a si bien dit dimanche soir à Tout le monde en parle, s’en sortir seule, c’est presque impossible, ça prend de l’aide professionnelle. Mais où ?

Je suis étudiante, sur les prêts et bourses et faisant face à la crise du logement. Je ne roule pas sur l’or.

Mais sachant, il y a deux ans et demi, que je flirtais avec les troubles alimentaires, j’ai commencé à me chercher un psychologue. J’en ai appelé une trentaine et je ne suis toujours pas sur une seule liste d’attente.

Trop de gens en besoin, pas assez de thérapeutes pour nous aider.

Je suis allée consulter une nutritionniste. Étant plus habituée à travailler avec les personnes qui veulent perdre du poids, elle s’est indignée à maintes reprises sur les quantités non suffisantes de nourriture et de protéines que j’ingérais. Petit à petit, elle m’a rapprochée de la ligne mince des troubles alimentaires.

Trop longue attente

J’ai consulté ma médecin de famille. Elle a fait une requête pour que j’aie une place dans le programme des troubles alimentaires de l’hôpital de ma région. En toute transparence, elle m’a dit que tant que je tenais debout, je n’entrerais pas dans le programme. Ça fait 8 mois que je suis sur la liste d’attente, toujours sans nouvelle. Pendant ce temps, le trouble prend de plus en plus de place dans ma vie, dans ma tête.

Les organismes comme ANEB ou les organismes communautaires n’offrent rien de plus que des séances en groupe ou des lignes d’appel. Qui sont déjà un bon début. Mais ce n’est qu’un début.

Quand tu peines à t’avouer à toi-même les raisons qui t’ont poussée à arrêter de manger, à faire de plus en plus d’exercice, à te trouver grosse, à ne pas être bien dans ton propre corps, les partager à une gang d’inconnus, c’est pas mon premier réflexe.

Alors l’isolement s’installe et prend toute la place. T’as beau en parler avec tes proches, ils ne savent pas quoi faire non plus, sauf observer encore plus ton assiette.

Pour guérir, dans le système actuel, mon seul choix, c’est d’arrêter de manger au point de devoir me présenter aux urgences de l’hôpital pour me faire prendre en charge. Autant je ne veux pas me rendre là, autant, je ne vois pas d’autres options pour trouver de l’aide. Et ça, c’est pas normal.

Anorexie et boulimie Québec (ANEB) offre des services par région. 1 800 630-0907 ou 514 630-0907

Consultez le site d’Anorexie et boulimie Québec