(Atlanta) Des millions de locataires ont été expulsés de leur logement ou font face à une éventuelle éviction aux États-Unis.

Après un ralentissement au cours de la pandémie, le nombre de demandes d’éviction est en hausse. Le phénomène est alimenté par une augmentation des loyers et une pénurie de logements abordables. Le retour à une vie normale est difficile pour de nombreuses personnes à faible revenu. Non seulement elles ne reçoivent plus les aides mises en place pendant la pandémie, mais leurs revenus ne suivent pas le rythme de l’inflation.

Conséquence : l’itinérance est en hausse.

« Les protections ne sont plus là, le moratoire imposé par le gouvernement fédéral n’est plus en place. Les fonds pour le soutien au loyer sont à sec dans plusieurs endroits, note Daniel Grubbs-Donovan, de l’Université Princeton. Dans l’ensemble du pays, les locataires à faible revenu sont dans une pire situation qu’avant la pandémie à cause de la forte augmentation des loyers et autres difficultés financières nées de la pandémie. »

Selon l’Eviction Lab, de l’Université Princeton, qui étudie les cas dans une trentaine de villes et 10 États, les demandes d’évictions ont augmenté de plus de 50 % à certains endroits. Les propriétaires demandent environ 3,6 millions d’évictions par année.

Le centre de recherche signale des hausses de 56 % en avril et de 50 % en mai à Houston. À Minneapolis/St. Paul, le nombre de demandes a plus que doublé en mars, a crû de 55 % en avril et de 63 % en mai. La hausse s’élevait à 35 % à Nashville et à 33 % à Phoenix en mai.

Les dernières données suivent la tendance qui s’est amorcée l’année dernière alors que Eviction Lab avait observé près de 970 000 demandes d’évictions dans les villes qu’il surveille, une hausse de 78,6 % par rapport à 2021, une année au cours de laquelle un moratoire sur les évictions était en vigueur.

Les loyers ont augmenté de 5 % en moyenne dans l’ensemble des États-Unis au cours de la dernière année. La hausse s’élève à 30,5 % par rapport à 2019, selon la société immobilière Zillow. Les personnes expulsées de leur logement n’ont que peu de places pour déménager : la National Low Income Housing Coalition estime le manque de logements abordables à 7,3 millions à l’échelle nationale.

La hausse troublante des évictions à un niveau prépandémique est un signal d’alarme nous prévenant qu’il est temps d’agir, à tous les ordres de gouvernement, afin que les gens puissent avoir un logement.

Ayanna Pressley, représentante

Mme Pressley exhorte le Congrès à adopter un projet de loi s’attaquant aux évictions illégales, établissant un fonds juridique pour aider les locataires et retirant une éviction des notes de crédit.

Dans le nord de l’État de New York, le nombre d’évictions est aussi en hausse depuis la fin de moratoire, l’an dernier. Quarante des 62 comtés de l’État ont reçu plus de demandes en 2022 qu’avant la pandémie. Dans deux d’entre eux, le nombre a plus que doublé par rapport à 2019.

« Comment peut-on s’occuper de ces gens qui ont été expulsés lorsque les capacités ne sont pas en place, surtout dans des endroits où il y avait récemment peu d’évictions ? », s’interroge Russell Weaver, de l’Université Cornell.

Les défenseurs des droits des locataires espèrent que l’Assemblée législative de l’État — contrôlée par les démocrates — adoptera un projet de loi qui obligera les propriétaires à justifier chaque éviction de locataire. Ils souhaitent aussi limiter la hausse des loyers à 3 % ou à un taux de 1,5 % au-delà de l’inflation. Toutefois, ce projet de loi a été retiré du budget et les parlementaires ne sont pas parvenus à l’adopter avant la fin de la session.

« La législature d’État aurait dû se montrer plus vigoureuse », déplore Oscar Brewer, un défenseur des droits des locataires.

Au Texas, les loyers ont grimpé en flèche à la suite de la fin du moratoire. Le nombre de demandes d’éviction a bondi à 270 000, un sommet.

Les défenseurs des droits des locataires ont espéré en vain que l’Assemblée législative de l’État fournisse de l’aide en utilisant une partie du surplus budgétaire de 32 milliards

« C’est une grande erreur d’avoir raté l’occasion, dit Ben Martin, un directeur de recherche de groupe à but non lucratif Texas Housers. Si on ne s’en occupe pas maintenant, la crise ne fera que s’aggraver. »