« Quand j’y repense, ça arrive encore le soir que j’ai des petites larmes. »

Non, Kim Clavel n’est toujours « pas en paix » avec ce qui s’est passé le soir fatidique du 7 octobre dernier. La boxeuse avait alors perdu dans la controverse son combat de championnat du monde contre Evelin Nazarena Bermúdez par décision partagée, à la Place Bell.

« Ça ne s’efface pas, dit-elle. Je suis de bonne humeur, je jase avec le monde, je suis correcte. Mais la douleur que ça m’a faite dans le cœur, c’est encore là. »

La boxeuse discute avec La Presse en marge de la soirée d’intronisation de 10 nouveaux membres au Temple de la renommée du Club de la médaille d’or, organisme qui fait la promotion des athlètes québécois émergents. Quant à Clavel et Laurent Duvernay-Tardif, ils ont reçu les Médailles d’or Inspiration, deux nouvelles distinctions honorifiques de l’OBNL.

Nous sommes assis à une table dans la coursive principale de la Place Bell de Laval, justement. En attendant le début de la cérémonie, « KK » prend le temps de parler avec la verve et la passion qu’on lui connaît.

Je le sens viscéralement que j’ai gagné ce combat-là. Quand tu es dans le ring, il y a quelque chose que tu ressens. J’avais les deux mains en l’air. Donc c’est difficile à accepter. Ça fait mal.

Kim Clavel, à propos de son dernier combat

Depuis, elle a dû se reconstruire, convient-elle. « C’est comme si, après le combat, j’avais besoin d’être fière de moi pour autre chose que de la boxe. »

Direction le ranch de sa mère, à Saint-Liguori, près de Joliette.

« Ma pouliche a 2 ans. Elle s’appelle KK. [Mon but], c’était de la dresser. »

« Je me faisais des petits objectifs. “Aujourd’hui, je vais faire telle chose avec ma pouliche.” Je le faisais, ça fonctionnait. Je me faisais un plan de match. Je posais des questions à ma sœur, qui est entraîneuse de chevaux. Elle m’aidait à distance. Je n’avais jamais conduit de camion avec le trailer à chevaux en arrière. J’ai dit : “Maman, je veux apprendre ça !” On a conduit, je suis allée chercher les chevaux de mes amis. J’étais comme fière. »

Puis un séjour au Mexique lui a permis de décrocher complètement. Elle n’en est revenue qu’au début de cette semaine. Et déjà, une première visite à son gymnase lui a procuré de nouvelles émotions.

« Je ne te mentirai pas, ça m’a fait de la peine. […] Je sais ce qu’il faut que je fasse pour retourner où j’ai envie d’être. Je sais que c’est extrêmement difficile. Je sais que tu as beau faire tout le travail que tu as à faire, de la manière la plus parfaite, tu n’es jamais assurée de te rendre au bout du chemin. Et refaire la route sans être sûre de te rendre au bout, c’est un risque à prendre. Mais je pense que c’est la beauté du sport, aussi. »

Sent-on un doute de sa part quant à son avenir en tant que boxeuse professionnelle ?

« Non, assure-t-elle rapidement. Je sais que la passion, je l’ai encore. J’adore ce sport-là. J’aime moins ce qui est autour de tout ça. Les sports jugés, c’est difficile. »

Yvon Michel et la RACJ

Yvon Michel en sait quelque chose. Le promoteur avait écorché le juge Benoît Roussel et, par le fait même, la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ), après la défaite de sa boxeuse en octobre. Il avait notamment accusé l’officiel de parti pris contre les pugilistes locaux, révélant même en conférence de presse avoir demandé à la RACJ que Roussel n’officie pas lors de ce gala.

Michel, aussi présent à la cérémonie de jeudi soir, devra sous peu s’expliquer dans le cadre d'une audience avec la Régie, qui l'accuse d'avoir agressé verbalement la représentante Sylvie Lécuyer et le juge Roussel ce soir-là.

« On va dire comment on a vu ça, notre perspective, dit-il à La Presse. […] J’ai confiance que les gens qui vont nous entendre sont des gens qui ont un bon jugement, et qui vont réaliser ce qui s’est passé. »

Le promoteur joue de prudence lorsqu’il revient sur les faits, un mois et demi après ceux-ci. Il se garde de mentionner à nouveau le nom du juge, parce qu’il ne veut pas « rabaisser qui que ce soit ». Mais il souligne que si « ça s’était passé de la bonne façon » avant le gala, on n’en serait pas là aujourd’hui.

Kim Clavel se dit quant à elle « chanceuse » d’avoir des gens qui « sont là pour [la] défendre ».

« Je pense qu’Yvon a été très transparent, souligne celle qui était assise à son côté lors de la conférence de presse d’après-combat. Les gens aiment la transparence, en général. Je ne l’ai pas entendu manquer de respect. Il a juste dit mot pour mot la vérité. »

« À l’automne 2024, on va être prêts »

Yvon Michel se fait rassurant sur l’avenir de Kim, en qui il a encore entièrement confiance.

« Si je forçais les choses, je pourrais probablement la ramener en championnat du monde très tôt, peut-être même à son prochain combat. Mais ce n’est pas la bonne chose à faire. Maintenant, elle a besoin, avec son équipe, de se refaire une confiance, de partir la machine et qu’on n’y aille pas trop vite. On va lui amener deux combats, et à l’automne 2024, on va être prêts. »

Le promoteur assure que malgré ses deux défaites en trois combats, Clavel et son « style spectaculaire » sont « en demande ».

« On ne veut pas simplement qu’elle devienne championne du monde. On veut qu’elle devienne championne, et qu’elle y reste longtemps. C’est un pas de recul pour repartir de la bonne façon. »

LDT, le jeune retraité

Laurent Duvernay-Tardif arrive presque essoufflé à la cérémonie qui s’amorce. Il va y recevoir une Médaille d’or Inspiration, mais pour l’instant, un court entretien avec La Presse l’attend. Après avoir annoncé ta retraite du football en septembre, qu’est-ce qui t’occupe ces temps-ci, Laurent ? « Tout, répond-il sans hésiter. Ça roule. Ma carrière de jeune retraité bat son plein. »

Il revient tout juste de l’ouverture de la nouvelle succursale de la boulangerie Le pain dans les voiles, à Blainville. Il s’occupe aussi de sa Fondation LDT et du programme La 6période, qui vise à favoriser la réussite scolaire à l’aide de l’art et du sport. « J’y crois à ce projet-là, dit-il. Je veux que les jeunes bougent, je veux que les jeunes soient actifs. […] J’essaie d’avoir des rencontres avec beaucoup de donateurs potentiels pour lever l’argent nécessaire afin de faire croître le programme. Je recommence la médecine en avril, alors j’ai six mois pour essayer de pérenniser la fondation. »

C’était « important » pour Duvernay-Tardif de finir sa résidence. De un, parce que la médecine a été un « élément structurant » dans sa vie, au même titre que le football. « De fermer les portes sur la médecine et le football en même temps, ça n’a pas de sens, c’est trop, ça m’a défini pendant tellement de temps. » Mais il a aussi une vision pour la suite, lui qui a entamé une maîtrise en santé publique aux États-Unis. S’il a aujourd’hui la « crédibilité » d’un joueur de football, il veut aller chercher cette même crédibilité en médecine « pour avoir un message plus de prévention » dans la sphère publique, en prônant « une approche moins curative » pour le système de santé. LDT aimerait s’impliquer dans des projets « parapolitiques » en ce sens. « C’est la réflexion que j’ai amorcée et que je veux continuer. »

Intronisés au Temple de la renommée

Denis Gauthier (hockey), Ann Dow (waterpolo) et France Gagné (para-athlétisme) ont tous les trois fait leur entrée au Temple de la renommée du Club de la médaille d’or, jeudi. Gauthier a évolué avec les Flames de Calgary, les Coyotes de Phoenix, les Flyers de Philadelphie et terminé sa carrière avec les Kings de Los Angeles.

PHOTO BERNANRD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Ann Dow lors d’un match de water-polo contre le Kazakhstan aux Jeux olympiques d’Athènes, en 2004.

Ann Dow a pour sa part été un pilier de l’équipe canadienne senior de waterpolo de 1991 à 2005. Elle a participé aux JO de Sydney en 2000, puis a été capitaine aux Jeux d’Athènes, en 2004. En 2005, elle a remporté la médaille de bronze avec le Canada aux Championnats mondiaux aquatiques, à Montréal.

France Gagné a décroché plus de 200 médailles en para athlétisme au cours de sa carrière, dont une quarantaine en grandes compétitions internationales. Elle a pris sa retraite en 2008, et a depuis donné plus de 220 conférences dans les écoles du Québec pour lutter contre le décrochage scolaire.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Réjean Houle et Michel Bergeron, en avril dernier

La plus prestigieuse récompense du Club de la médaille d’or, la Médaille d’honneur, a été remise à l’ancien joueur du Canadien de Montréal Réjean Houle.

Les sept autres intronisés sont les anciens présidents du club, aujourd’hui gouverneurs : Christian Berland (2005-2006), Sylvie Bardier (2006-2007), Stéphane Bouthillier (2009-2010), Michel Allen (2010-2011), Luis R. Galvez (2011-2012), Robin Ruggiero (2012-2013) et Carole Lefebvre (2013-2015).