Je souhaite répondre à l’invitation du ministre de la Santé, Christian Dubé, qui lorsque questionné par le député de Pontiac, sur les listes d’attente en chirurgie au Salon bleu cette semaine, souhaitait que je m’exprime, au nom des médecins spécialistes, sur le plan de rattrapage des chirurgies.

Je voudrais d’abord rappeler qu’en réponse à la demande de collaboration du ministre de la Santé, la Fédération des médecins spécialistes a proposé un plan de rattrapage chirurgical dès l’hiver 2023.

Naturellement, l’élaboration d’un tel plan n’était possible qu’avec la participation et l’engagement de toutes les spécialités chirurgicales visées, des anesthésiologistes et des autres spécialités médicales. C’est fort de cet engagement sans détour pour nos patients qu’une entente est intervenue avec le MSSS en mai dernier.

Toutes les associations concernées ont ainsi levé la main pour participer à ce rattrapage, en offrant des disponibilités variées incluant les soirs et les fins de semaine.

Près de quatre mois plus tard, les blocs opératoires québécois fonctionnent à 74 % de leur capacité. Nos chirurgiens voient encore des chirurgies dûment planifiées être annulées par l’établissement avant la fin de leur journée opératoire. C’est maintenant 163 463 patients qui sont en attente d’une chirurgie malgré les efforts déployés pour réduire les opérations en attente depuis plus d’un an.

Les raisons sont simples : le plan de rattrapage convenu avec le MSSS frappe un mur, faute de disponibilité de salles d’opération, de personnel et de plateaux techniques. La mobilisation des médecins se heurte à la promesse du MSSS de prendre les mesures requises pour s’assurer de la disponibilité et de la contribution de l’ensemble des effectifs, tout comme d’une programmation bien faite des lits d’hôpitaux.

On aime bien prétendre à tort que les médecins spécialistes ont trop de pouvoir. La réalité, et on le constate dans le déploiement du Plan, est qu’ils n’ont aucun contrôle sur l’organisation des blocs opératoires et sur la gestion. S’ils en avaient, pas une seule journée de travail ne passerait sans qu’ils n’opèrent et soignent leurs patients. Une chose est certaine, malgré leur disponibilité à pratiquer les interventions chirurgicales requises, celles-ci ne peuvent être réalisées, car le MSSS n’assume pas ses responsabilités.

Ces faits maintenant rétablis, les médecins spécialistes sont particulièrement inquiets de constater la détérioration continue de l’accès aux soins pour leurs patients. Ils sont tout aussi préoccupés de constater l’incapacité des décideurs à endiguer l’exode du personnel soignant vers d’autres employeurs.

Nos patients sont en droit de compter sur les médecins spécialistes et ces derniers ne veulent qu’une chose : les soigner. Peut-on simplement nous donner les moyens de le faire ? Nos spécialistes veulent opérer et soigner !